Règles douloureuses, flux abondant, signes de syndrome prémenstruel (SPM)… de nombreuses personnes sont concernées. Mais dans quel cas faut-il vraiment se poser des questions et consulter un·e spécialiste ?
Règles, qu’est-ce qui est normal
Des règles qui se passent bien :
- durent en moyenne 3 à 5 jours et pas plus de 7,
- ont une texture principalement fluide, avec peu de petits caillots ou aucun,
- ont un flux moyen (environ 50 à 80 mL) et une couleur rouge à légèrement brune,
- ne sont que peu ou pas douloureuses (au max, des crampes non handicapantes dans le quotidien et qui peuvent être soulagées par des anti-douleurs classiques).
Règles, quels sont les signes anormaux ?
- des règles qui durent régulièrement plus d’une semaine,
- une présence importante de gros caillots,
- un flux supérieur à 80 mL ou inférieur à 25 mL (un flux vraiment léger et des règles de moins de 2-3 jours peuvent indiquer un cycle anovulatoire et donc peuvent être liées à un trouble de l’ovulation, même avec des cycles en apparence réguliers),
- des douleurs importantes, handicapantes dans le quotidien et/ou pas soulagées par des anti-douleurs classiques. Si tu as mal à en avoir du mal à te lever, mal à en vomir, etc., ce n’est vraiment pas normal,
- une présence éventuellement d’autres symptômes, notamment : troubles urinaires, douleurs en dehors des règles, douleurs à la pénétration, douleurs qui se diffusent dans les jambes, problèmes digestifs, fatigue chronique…
Concernant les douleurs, il est difficile de donner une échelle objective.
En revanche, concernant le flux il existe un test : le score de Higham, que tu peux retrouver en lien par exemple ici. Si tu as un score supérieur à 100, ce sont des règles anormalement abondantes/longues, ce qu’on appelle des ménorragies.
Cycle, qu’est-ce qui est normal
Quand les cycles se passent bien :
- ils sont plutôt réguliers (des variations de + ou – 2-3 jours d’un cycle à l’autre sont complètement normales),
- ils durent entre 21 et 35 jours. Enfin, ça, c’est la définition médicale d’un cycle normal. Mais en réalité, souvent, il y a déjà un petit déséquilibre hormonal quand on est souvent en dessous de 24-26 jours ou au dessus de 32-33. Les cycles courts vont souvent de pair avec un syndrome prémenstruel important, tandis que les cycles longs peuvent être liés à des difficultés d’ovulation,
- il n’y a pas de SPM marqué. Etre un peu plus à fleur de peau, sensible ou irritable avant les règles et avoir un appétit un peu plus important est cependant normal, mais ce n’est pas censé avoir un gros impact sur ton quotidien non plus.
Cycle, quels sont les signes anormaux ?
- des cycles trop courts (moins de 21 jours) ou trop longs (plus de 35 jours),
- des cycles irréguliers,
- bonus si les cycles irréguliers sont accompagnés d’acné, de chute de cheveux, d’hyperpilosité, de problèmes métaboliques,
- un SPM suffisamment marqué pour perturber ta vie, et/ou qui commence tôt dans le cycle. Le SPM ce sont des symptômes qui ont lieu dans les jours qui précèdent les règles. Signes possibles : tensions voire douleurs dans la poitrine, acné, troubles de l’humeur (irritabilité, hypersensibilité, déprime voire dépression, anxiété, etc), pulsions alimentaires importantes, maux de ventre, maux de tête et migraines…
Je précise cependant un point important : des variations occasionnelles peuvent arriver et ne sont pas inquiétantes.
Si tu as un gros SPM, des règles douloureuses, ou encore un cycle très court ou très long par rapport à d’habitude…, mais que ça arrive juste sur 1 ou 2 mois alors que le reste du temps il n’y a rien à signaler, ce n’est pas un souci. Un stress/choc ponctuel peut causer une perturbation ponctuelle, si les choses rentrent dans l’ordre après tout va bien.
Quelques conseils pour finir
L’errance diagnostique est très répandue dans les problèmes qui affectent les personnes menstruées. Un système de santé débordé, des pros pas toujours à l’écoute, des troubles trop peu étudiés, encore sous-estimés et mal connus, la parole des minorités de genre fréquemment remise en cause + l’impact du racisme (syndrome méditerranéen…) et de la grossophobie… pas mal de facteurs jouent là-dedans.
De plus, certaines pathologies sont difficiles à diagnostiquer. C’est le cas de l’endométriose, qui peut être présente dans de nombreux organes et très difficile à repérer sur les examens, ce qui participe à l’errance médicale.
Alors si on te dit : « C’est normal d’avoir mal », « C’est dans votre tête », « Il n’y a rien »… mais que tu te tords de douleur ou tu as envie de tout quitter à chaque cycle, n’hésite pas à continuer ta quête jusqu’à trouver des professionnel·le·s qui prendront ta situation au sérieux et qui connaîtront bien le sujet des troubles du cycle.
Je peux te dire 2 choses :
- ton problème est réel, et il peut être lié à une pathologie (ex : en France, il y a encore en moyenne 7 ans d’errance médicale avant un diagnostic d’endométriose !),
- il existe des solutions médicales et aussi de bien-être pour t’aider à te sentir mieux.
Pour obtenir un diagnostic, je te conseille de te diriger vers des gynécologues ou services qui soient réellement spécialistes des pathologies gynécologiques. Par exemple, à Lyon, il existe plusieurs services dédiés au diagnostic et au suivi de l’endométriose et autres problèmes liés au cycle et aux règles : Saint Joseph Saint Luc, Croix Rousse, Natecia.
Enfin, en complément de ton suivi médical, la naturopathie, l’ostéopathie, l’acupuncture, la réflexologie… peuvent t’aider à te sentir mieux dans ton quotidien.