La pilule est une contraception certes pratique et utile, mais qui possède aussi de nombreux désagréments. Elle provoque un certain nombre de carences, masque les éventuels déséquilibres hormonaux (qui peuvent par conséquent revenir en flèche après l’arrêt), demande beaucoup de travail au foie, etc.
Ainsi, suite à l’arrêt de la pilule, divers troubles peuvent apparaître ou ré-apparaître.
Or, de plus en plus de personnes menstruées décident qu’elles ne souhaitent plus prendre de contraception hormonale et leur choisissent des alternatives.
Aujourd’hui, je voulais te proposer des conseils pour vivre au mieux l’arrêt de la pilule !
A quoi s’attendre après l’arrêt
Si tu veux un peu savoir à quoi t’attendre après l’arrêt de ta pilule, quelques questions :
- Depuis combien de temps prends-tu une contraception hormonale ?
- Avais-tu des déséquilibres hormonaux ou des désagréments des règles avant la prise ?
- Quel est ton type de pilule ?
La durée de prise
En théorie, comme les hormones de la pilule sont évacuées rapidement de l’organisme, le corps revient à la normale très rapidement (d’ailleurs, une grossesse peut arriver même avec un oubli unique). Cependant, dans certains cas l’hypophyse qui était en pause pendant la prise de pilule peut mettre quelques mois avant de relancer les cycles naturels et l’ovulation.
En général, moins longtemps tu as pris la pilule, plus rapidement les choses devraient revenir à la normale. Après plusieurs années de prise, il se peut qu’un peu plus de patience soit nécessaire avant de retrouver de vraies règles et des cycles réguliers.
Mais il n’y a pas de règle absolue et cela dépend aussi des personnes et du type de pilule.
Ta situation en pré-pilule
La pilule met en quelque sorte les hormones naturelles « en pause ». Par conséquent, s’il y a des problèmes hormonaux avant la prise, ils sont simplement masqués et ont donc de fortes chances de revenir à l’arrêt. C’est le cas qu’il s’agisse d’acné, de cycles irréguliers, de règles douloureuses ou tout autres déséquilibre.
Le plus gros souci se présente si la pilule est prise trop tôt durant l’adolescence. En effet, la pleine maturité du cycle et des hormones prend plusieurs années après la première menstruation (2-3 ans voire plus). Ainsi, il est normal de ne pas ovuler pendant les 2 ans qui suivent les premières règles.
Maintenant, imagine une personne qui a eu ses règles à 13 ans, a des règles encore très irrégulières car le cycle ne s’est pas encore mis en place, n’ovule pas encore… et est mise sous pilule à 14 ans, qu’elle prendra ensuite jusqu’à la trentaine. Il y a des chances que la reprise des cycles ne soit pas simple et qu’un soutien soit nécessaire !
Le type de pilule
Pour la plupart des pilules, l’arrêt en lui-même ne provoque rien de particulier. S’il y a des problèmes qui se manifestent, ils sont liés à ce que j’ai déjà mentionné plus haut : retour de problèmes présents avant la prise, remise en route difficile de l’hypophyse, problèmes liés à l’effet de la pilule sur le foie, etc.
En revanche, il y a un cas particulier de pilule qui mérite qu’on s’attarde dessus : les pilules qui ont une action anti-androgènes, fréquemment prescrites aux personnes qui ont de l’acné ou un SOPK. Il s’agit notamment de Jasmine, Jasminelle, Diane 35, Androcur, Yaz, Triafemi, etc.
L’arrêt de ces pilules cause ce qu’on appelle un effet rebond, caractérisé par une augmentation des androgènes. Il est donc fréquent de constater un retour important de l’acné, de l’hyper-pilosité ou encore de la chute de cheveux dans les mois qui suivent l’arrêt d’une de ces pilules.
Equilibrer l’assiette
Il est important pour soutenir l’équilibre hormonal à l’arrêt de la pilule de passer par l’équilibre de l’assiette. Quelques clés :
- privilégier des repas équilibrés, avec protéines, féculents, légumes, et bons gras,
- manger avec régularité sur la journée, en commençant par un petit-déjeuner complet dans l’heure qui suit le réveil,
- privilégier des aliments de qualité.
Etant donné que la pilule crée des carences en minéraux et vitamines variés, il est recommandé aussi de prêter attention à apporter ceux-ci en parallèle de l’arrêt.
- Magnésium : alfalfa, germe de blé, ortie, cacao, haricots verts, noix, sarrasin…
Cependant l’alimentation suffit rarement, car le stress vole les réserves de magnésium. Un bon complément est souvent utile ! - Zinc : huîtres, germe de blé, shiitake, graines de courge, lentilles, pain complet, flocons d’avoine, graines de chia,
- Iode (nécessaire, sans excès) : poisson et produits de la mer, algues, sel enrichi en iode,
- Sélénium : 1 à 3 noix du Brésil par jour (pas plus), graines de courge,
- Vitamine A : œufs et fromage, mais aussi légumes et fruits orange ou vert foncé,
- Vitamine C : légumes et fruits frais (les surgelés en contiennent aussi un peu),
- Vitamine E : très présente dans les oléagineux : noisettes, amandes, noix, germe de blé…,
- Vitamine D : exposition au soleil aux beaux jours, complémentation recommandée d’octobre à mars (quantités à ajuster selon ses besoins).
Améliorer l’hygiène de vie
L’alimentation est importante mais n’est pas la seule clé de l’équilibre hormonal, loin de là. Il est important aussi notamment :
- d’avoir une activité physique régulière,
- de s’exposer à la lumière du jour, pour la régulation des neurotransmetteurs,
- de réduire le stress et se reposer,
- de prendre soin de son bien-être émotionnel,
- de boire suffisamment d’eau,
- d’éviter l’exposition aux perturbateurs endocriniens,
- de bien dormir.
Soutenir le foie & l’élimination
Parmi les nombreux rôles du foie, il traite entre autres les molécules des médicaments afin de pouvoir les éliminer du corps. La prise de pilule sur le long terme, comme de nombreux traitements au long cours, demande beaucoup de travail au foie.
Quelques signes que le foie peut avoir besoin de soutien : écoeurement voire nausée, difficulté à digérer les aliments gras et lourdeurs digestives en général, langue chargée, mauvaise haleine, mais aussi migraines, sensibilité aux odeurs, problèmes de peau dont l’acné, excès de transpiration, etc.
Attention, le cliché est que soutenir le foie passe par le jeûne ou des restrictions alimentaires importantes, les jus verts et les produits dits « detox ». Bien encadrées et utilisées de manière ponctuelle, certaines de ces techniques peuvent avoir leur intérêt, mais en général le foie a besoin de nombreux nutriments et d’assez d’énergie pour bien fonctionner. Ainsi, une alimentation de qualité et notamment assez de protéines, de zinc, de vitamines du groupe B est important.
Par ailleurs, il est nécessaire que l’intestin aille bien, afin d’éliminer les déchets traités par le foie par le biais des selles. Il est donc important d’avoir un transit régulier, d’éviter autant que possible la constipation. Quelques clés : manger suffisamment et notamment assez de fibres (mais sans excès), boire assez d’eau, réduire le stress, bouger régulièrement.
Bien vivre l’arrêt
Comment faire un sevrage progressif
Si tu as une pilule anti-androgène et tu veux éviter l’effet rebond, une possibilité explorée par certain‧e‧s est l’arrêt progressif. Cela concerne les pilules citées plus haut, donc Jasmine, Jasminelle, Diane 35, Androcur, Yaz, Triafemi, etc.
L’arrêt progressif peut être fait de 2 façons, soit en coupant les cachets, pour réduire les doses progressivement, soit en espaçant les prises. Il n’y a pas de règles absolues, mais pour que cela facilite la transition il vaut mieux bien prendre le temps, sur 5-6 mois.
Une suggestion d’organisation :
- Mois 1 et 2 : prise ¾ d’un cachet par jour ou prise 1 jour sur 2
- Mois 3 et 4 : prise d’1/2 cachet par jour ou prise 1 jour sur 3
- Mois 5 et 6 : prise d’1/4 cachet par jour ou prise 1 jour sur 4
Il faut bien ramener les cachets non pris en pharmacie et ne pas les jeter à la poubelle ni dans les toilettes, car cela pollue. Lors d’un arrêt progressif, il se peut qu’il y ait des saignements de manière irrégulière. C’est normal.
Attention, dès le début du sevrage la pilule ne protège plus en tant que contraceptif et un autre moyen de contraception est nécessaire.
La patience est la clé du succès
Lorsqu’on agit sur l’équilibre hormonal, les résultats ne sont pas nécessairement visibles immédiatement. En effet, un cycle folliculaire complet dure environ 90 jours. Soutenir la qualité de l’ovulation, le bon développement des follicules peut prendre environ 3 mois.
Il est important de savoir aussi qu’il n’y a aucune méthode, aucun choix qui puisse garantir d’éviter l’effet rebond et de garantir que les cycles repartent sans encombre immédiatement.
Tout ce qu’on peut faire est de soutenir le terrain, poser de bonnes bases afin de garantir les meilleures conditions possibles pour favoriser le retour de l’équilibre hormonal. Et c’est déjà pas mal !
La patience, l’écoute de son corps, et soutenir son équilibre émotionnel tout au long du parcours sont donc des clés essentielles pour vivre au mieux un arrêt de pilule.