Les injonctions contradictoires en matière d’alimentation se multiplient, et il devient parfois difficile de savoir quoi manger. Aujourd’hui, je partage des clichés fréquents entendus en consultation et ailleurs.

 

5 croyances à abandonner

 

Contre l’acné et l’endométriose, il faut arrêter les produits laitiers

Les produits laitiers sont fréquemment diabolisés, présentés comme inflammatoires, et il est essentiel de remettre de la nuance là-dedans. Ce n’est pas tout blanc ou tout noir, ils ont des avantages et des inconvénients et il est essentiel de s’adapter à l’individualité de chacun.

Déjà, ce sont des aliments très nutritifs : les fromages sont riches en protéines, les produits fermentés sont source de probiotiques naturels, les produits laitiers en général sont riches en calcium, en phosphore et source de B12… Ils apportent aussi du tryptophane, important pour l’humeur et le sommeil.
Ensuite, il faut voir de quoi on parle. Entre une vache qui rit et un fromage au lait cru issu d’une petite exploitation, ou encore entre un lait UHT de vache nourrie principalement au maïs et un lait cru de vache nourrie uniquement à l’herbe, l’effet sur le corps et la digestion vont différer grandement (et je ne parle même pas du goût !).

Enfin, il faut prendre en compte les capacités digestives et le métabolisme individuel en compte : si tu as un problème avec l’histamine ou une inflammation intestinale déjà présente, il pourra être nécessaire de réduire certains aliments, temporairement ou non, et de travailler en parallèle à soutenir, à restaurer tes capacités digestives et ton équilibre.

 

On peut manger autant de légumes qu’on veut

Comme les légumes sont vus comme sain, « healthy », on identifie souvent manger sain = manger énormément de légumes. Alors oui, les légumes sont vraiment importants. Ils apportent des fibres, des vitamines, des minéraux, des antioxydants. Ils équilibrent une assiette, participent à réduire la charge glycémique d’un repas, font partie des aliments qui aident à reminéraliser, à revitaliser.

Mais les légumes, c’est un composant d’un repas équilibré, pas un repas. Si tu manges juste une soupe, juste une salade ou une assiette de légumes, ce n’est pas « sain ». Les légumes contiennent beaucoup d’eau et s’ils remplissent sur le moment, ils sont peu nutritifs. Il faut aussi des protéines, des féculents, des bons gras.

De plus, les fibres peuvent être irritantes. Si tu as un intestin sensible, trop de légumes peuvent être vraiment agressifs pour ton tube digestif. Bref, encore une fois l’alimentation c’est une question de proportion, d’équilibre, de nuance. Assez de légumes… mais pas trop !

C’est joli… mais ce n’est pas un repas !

 

La viande est inflammatoire

Pareil que pour les produits laitiers : les produits animaux, d’une manière générale, sont très nutritifs. La viande, les viandes, c’est beaucoup de protéines, de vitamines, de minéraux. Dans la plupart des cas, c’est plus digeste que les protéines végétales. Alors oui, c’est cher et ça a une empreinte écologique plus importante, certes. Donc c’est encore une question de mesure. Car des bonnes protéines digestes, du zinc, du fer… c’est super important pour l’équilibre hormonal, et c’est bien mieux assimilé dans les viandes et produits de la mer que dans les lentilles ou le soja.

Comme pour les produits laitiers, à nouveau, la qualité compte. Je conseille de privilégier le circuit court, d’acheter autant que possible directement à de petits éleveurs. C’est généralement bien moins cher et la qualité n’a rien à voir. La viande des animaux de gros élevages sera plus inflammatoire à cause de l’alimentation donnée à ces animaux, qui est moins qualitative (excès d’oméga 6, notamment).

Pour l’aspect écologique, privilégie les petits animaux, moins consommateurs d’eau et de nourriture (les volailles, notamment). Pour l’aspect nutritif, il est bon de varier les viandes : les abats (oui, je sais, sorry) sont un concentré de vitamines, le boudin une excellente source de fer, les bas morceaux apportent collagène et glycine, etc. Pour l’aspect santé, une consommation raisonnable a bien plus d’atouts que d’inconvénients.

Après, si tu souhaites enlever la viande pour des raisons éthiques ou écologiques, c’est un choix. Il est important alors de faire attention à ce que ton alimentation couvre bien tes apports en protéines, zinc, fer, B12, etc.

 

Il faut arrêter le gluten

C’est un peu les mêmes points à chaque fois, finalement : il y a gluten et gluten, tout dépend de quoi on parle, tout dépend des quantités, et aussi chaque personne a des capacités digestives différentes. Hors maladie coeliaque, si tu ne supportes pas le gluten en général c’est un symptôme. Le gluten n’est alors pas le problème, il est le signe qu’il y a un problème à régler au niveau intestinal. Cependant, si tu consommes de la baguette blanche industrielle, du pain de mie et des pâtes blanches comme principaux féculents, ce n’est pas surprenant du tout que tu aies mal au ventre, et c’est plutôt lié à la mauvaise qualité de ces produits et des farines qui les composent.

3 conseils, alors :

  • varier les féculents, ne pas manger toujours la même chose : sarrasin, petit-épeautre, quinoa, riz, riz sauvage, millet, fonio, pommes de terre, patates douces, etc, les choix sont énormes,
  • quand tu consommes du gluten, privilégier la qualité : pain au levain bio et artisanal, pâtes demi-complètes bio, farines plus traditionnelles, etc,
  • si tu ne supportes pas le gluten et que tu n’es pas coeliaque, la naturopathie peut t’aider à soutenir tes capacités digestives, rééquilibrer le microbiote, réduire l’inflammation, restaurer la muqueuse intestinale, afin de pouvoir varier plus ton alimentation sans que cela n’affecte ta santé.

 

Le sucre est l’ennemi

Déjà, le glucose est le carburant principal du cerveau et une source essentielle d’énergie pour les cellules. Or, tous les sucres et féculents sont convertis dans le corps en glucose. Tous. Que tu manges du chocolat, un fruit ou du pain complet.
Cela ne veut pas dire que manger du chocolat ou manger du pain complet revient au même. Déjà, parce qu’on ne mange pas du sucre, on mange un aliment. Et cet aliment contient du sucre mais aussi d’autres éléments, éléments qui ont un intérêt nutritionnel plus ou moins élevé (protéines, fibres, gras, vitamines, etc.). Ensuite, selon les aliments, la glycémie (taux de sucre dans le sang) augmentera plus ou moins fort et l’impact sur la santé n’est pas le même.

Il est totalement normal d’avoir un attrait pour le sucre. C’est un mécanisme développé par le cerveau, mécanisme logique puisque le sucre est son carburant. Aimer le sucré n’est pas une addiction. Les pulsions sucrées, pas une addiction non plus. La prétendue addiction au sucre n’a jamais été prouvée (si tu as entendu parler de l’étude des rats et de la cocaïne, je te laisse aller lire ce super article qui explique bien cela).

Alors qu’est-ce qui fait que tu peux avoir l’impression d’être accro au sucre ? Il y a plusieurs raisons possibles aux compulsions d’aliments sucrés, parfois plusieurs facteurs en même temps :

  • la restriction (fuir le sucre parce que tu penses que c’est mauvais, faire un régime, etc…), qui engendre des compulsions : plus tu te prives, plus tu te frustres, plus l’envie peut devenir obsédante,
  • la culture « healthy », qui te dit que certains aliments sont « mauvais » pour toi et d’autres « sains », et qui engendre fréquemment une relation compliquée avec la nourriture,
  • une alimentation pas équilibrée, avec des carences, des manques, des repas trop espacés = le corps va réclamer une source d’énergie immédiate,
  • la fatigue et le stress,
  • certains dérèglements hormonaux, certaines pathologies, certains traitements,
  • des causes émotionnelles, aussi, avec le côté « réconfort » du sucre,
  • etc.

Toutes ces causes peuvent être travaillées, afin d’améliorer la relation à l’alimentation et/ou la qualité de celle-ci si nécessaire.

Le diable en personne ?

 

Mais alors pourquoi parfois ça marche ?

Tu te dis peut-être « C’est bien joli tout ça, mais j’ai arrêté X / je connais telle personne qui a arrêté X et je me / iel se porte beaucoup mieux ».

Il y a plein de raisons qui peuvent faire qu’arrêter tel aliment soulage. Il est important de regarder les choses plus finement :

  • est-ce qu’il y avait une grosse inflammation déjà installée ? La solution peut passer par une éviction temporaire, mais en parallèle il est essentiel de soutenir et restaurer les capacités digestives, et fréquemment suite à cela la plupart des aliments pourront être réintroduits sans souci.
  • est-ce que les aliments consommés étaient de mauvaise qualité ? Si tu arrêtes de consommer de la baguette blanche et que tu te sens mieux, ça ne veut pas dire du tout que le problème était le gluten, et dans de nombreux cas un bon pain au levain sera parfaitement toléré.
  • est-ce que tu as seulement enlevé un type d’aliment, ou est-ce que tu as adopté une démarche plus globale d’amélioration de ton alimentation et de tes habitudes de vie ?

 

Petit éloge de la nuance

Finalement, la conclusion de tout ça c’est que le mieux est de privilégier des aliments de qualité et manger « de tout » sans se priver. Les bons et les mauvais aliments n’existent pas, et toute prise alimentaire a un intérêt, même les chips que tu manges à l’apéro (intérêts : plaisir, convivialité, etc.).
Alors, arrêtons de diaboliser les aliments et pensons plus global !
Si tu as un problème inflammatoire ou tu te sens accro au sucre, la solution n’est pas la restriction permanente, c’est une vraie prise en charge de ton problème.

Qu’en penses-tu ? N’hésites pas à réagir en commentaire !

 

1

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *